Me voilà bien installée avec ma liseuse, portée par le drame extra-ordinaire, savourant ce palpitant voyage vers un quotidien mouvementé qui ne m'appartient pas et ne devrait jamais m'appartenir, quand, brusquement, ma Sony fait des siennes, joue son caprice d'objet électronique et s'éteint.
Zut !
Ce n'était même pas une question de charge vide, mais juste un besoin incompréhensible de reconnexion. Parfois les objets se comportent aussi absurdement que les humains..
Parce que pour la liseuse, il y a bien évidemment des gestes à avoir, à apprendre, très différents de ceux que l'on a avec les livres.
- Penser à regarder régulièrement la charge de l'appareil, car même si l'autonomie est importante (pratiquement deux semaines de lecture quotidienne), c'est un geste très utile pour une liseuse.
- Acquérir un chargeur, non compris dans le prix d'achat de l'apparei, qui permet de recharger sans utiliser l'ordinateur qui n'est pas toujours sous la main et qui souvent ne permet plus de poursuivre sa lecture.
Et, forte de mon expérience suivante (voir plus loin) :
- Ajouter l'achat d'une housse rigide
Ces trois gestes tentent à prévenir les pannes les plus courantes et les caprices des machines qui demandent astuce et débrouillardise pour les contourner.
Mais ce ne sont pas les seuls déboires que l'on peut rencontrer. Hélas... voici l'expérience suivante, nettement moins agréable à raconter
Hier soir, m'apprêtant, allongée dans mon lit, à reprendre une lecture pleine de saveur, je me retourne en appuyant mon coude sur l'oreiller. Rien de bien anormal si ce n'est l'énorme "crack!" immédiatement reconnaissable que j'entends en provenance de mon oreiller, car dessous, ma gentille liseuse attendait que je la reprenne de l'endroit où je l'avais abandonné la veille.
Et évidemment, ma liseuse n'a .. mais vraiment pas ... aimé !!
Là, contre le bris matériel, la technique est impuissante et tout objet est capable d'en mourir. Cela me rappelle furieusement la fois où j'ai mis le pied dans ma guitare que j'avais bêtement posée au pied de mon lit ! Elle non plus n'avait pas aimé et pourtant c'était un banal objet sans électronique intégré.
Si j'avais écrasé mon livre, il n'aurait absolument pas souffert lui !!!
Mais me voilà alors, contemplant un écran zébré de tâches blanches ou grises qui annulaient toute possibilité d'accès à ma lecture... et à tous les livres que j'avais acquis pour garnir modestement ma bibliothèque numérique.
Quand j'avais mis le pied dans ma guitare, j'avais, tel un chat vexé par ma propre imprudence, décidée que je ne toucherais plus à une guitare de ma vie.
Mais aujourd'hui, ma rigidité ayant été infléchie par les expériences, j'ai fait un tour sur moi-même pour, au-delà du geste complètement stupide, réfléchir à l'utilité, au besoin et la pertinence d'un tel objet.
Comme la grande majorité des utilisateurs de liseuse, je n'avais engrangé qu'une dizaine de livres, un peu à ma façon de garnir ma bibliothèque de livres, quand je m'aperçois qu'il est nécessaire de refaire des provisions d'heures savoureuses.
Et le tour sur moi-même m'interpelle.
Quel est l'intérêt d'une liseuse pour moi ?
Le premier évidemment c'est le poids de l'objet. Moins de 200 g pour emporter n'importe où dans son sac à main, jusqu'à 1000 livres, ça vaut vraiment le coup. Ainsi au lieu de répondre à la question souvent aussi sotte que grenue: "Et sur un île déserte, quel livre emporteriez vous ?", je pouvais répondre : "ma liseuse".
Seulement voilà, ma liseuse ne contient aucun livre d'auteurs, avec un grand A. Aucun Hugo, Zola, Flaubert et j'en passe une centaine d'autres, parce que ces auteurs là, sont justement des auteurs, des manieurs de langue plus que des faiseurs d'histoires et que mon plaisir de les lire est justement de les relire, de les feuilleter, de les prêter, au gré de mes humeurs.
Ma liseuse n'est pas fait pour eux. C'est ce que je pense après deux ans d'utilisation du dit objet électronique.
Non dans ma liseuse, je mets des livrels consommables, c'est à dire jetables. Des livrels qui se prennent pour l'histoire, l'intrigue, le dépaysement, l'amusement, le divertissement et que je n'ai pas envie de placer dans ma bibliothèque physique parce que je ne les relirai à coup sûr jamais, je ne les feuilletterai pas et je les prêterai sans doute jamais (parce que je les aurai oubliés).
L'offre des livrels français
Et c'est là que la bât blesse, parce que côté livrels (ebooks) c'est la pagaille, la e-babel comme certains disent. Les liseuses sont arrivées avant les livrels !
1. Il est complètement aberrant qu'un livrel soit proposé à seulement -20% du prix papier et papier format non pas livres de poche, mais gros livres mal maniables.
2. Certes, on dit qu'il y a 800 000 titres numérisés, mais dans ces 800 000 titres, à peine une centaine m'intéresse.
Pauvre francophone que je suis ! Puisqu'aux USA, les livrels sont à - 50% et que l'offre dépassent largement le million !
Les éditeurs et fournisseurs de livrels
Autre fait et non des moindres, la liseuse étant un objet de consommation beaucoup plus qu'une bibliothèque physique, elle obéit aux diktats des pouvoirs que nous imposent les distributeurs, les vendeurs et les éditeurs frileux (zont pas peur qu'on prête des livres aux zôtres, mais zont peur qu'on prête des livrels !).
Les livres ont des formats, mais rien ne vous empêche de mettre dans votre bibliothèque une BD grand format à côté d'un livre de poche. Si la bibliothèque est bien foutue, les étagères peuvent accueillir tout ce que vous achetez, du manga au dictionnaire, de l'atlas au guide touristique, en passant par les CD, les DVD si cela vous chante. Vous êtes seul maître de votre goût, votre plaisir et votre rangement.
Avec les livrels, ce n'est pas du tout cela. Le maître est le pourvoyeur de liseuse et non vous.
Avec la liseuse d'Amazone, le Kindle, vous ne pourrez lire que les livres achetés sur Amazone.
Avec la liseuse de la Fnac, la Kobo, ou la liseuse de Virgin, le Cybook, il vous faudra être attentif à ne pas la cantonner à un catagloque de livres proposés par la Fnac ou Virgin.
Et avec la Sony, ma liseuse, il faut jongler avec les librairies pour dénicher les offres de livrels, parce que là, Sony, ne propose pas (encore) de librairie.
Une fois on est trop embarqués, une autre fois pas assez !
Mais je dois reconnaître que je me suis immédiatement penchée sur l'offre des liseuses parce que l'intérêt du transport pendant les vacances de plusieurs livres (même si j'ajoute toujours un livre au cas où !), l'intérêt de pouvoir jeter sans scrupule un livre qui n'a pas besoin d'encombrer ma bibliothèque de vrais livres à relire ou feuilleter, à prêter ou même donner, me permet de penser qu'une liseuse est un objet qui a su créer mon besoin de la posséder.
En plus, la liseuse a la taille d'un livre, ce qui n'est pas négligeable comme critère quand on veut justement lire des livres électroniques.
Je supprime l'idée de lire sur l'ordinateur, sur une tablette, car, au lit, dans les transports en commun, ce n'est pas vraiment l'objet adéquat. Trop lourd, trop voyant.
Prenons les objets pour leur fonction première !
Mais quelle liseuse ?
Pour connaître la liseuse qui nous va bien, il faut se poser la question de ce qu'on va lire avec elle, c'est à dire de comprendre les différents formats existants.
Les formats de livrels
Le format qui a le vent en poupe est EPUB. Par rapport au PDF, il a l'avantage de laisser la liseuse recomposer les pages en changeant la taille des caractères, la police, l'interlignage. Autant de choses impossibles avec le PDF.
N'oublions pas CALIBRE, le logiciel gratuit qui gère superbement notre bibliothèque virtuelle, et qui est capable de transformer du PDF en EPUB.
Beaucoup de librairies (sauf Amazon bien sur, puisque son fomat est un .azw) proposent ce format et il semble qu'elles soient de plus en plus nombreuses à le faire.
Choisir une liseuse qui lit l'epub est un très bon critère à mon avis. Car, lors d'un achat irréfléchi de livrels sur Amazon, CALIBRE n'a pas su transformer les livrels achetés au format .azw et protégé par des DRM, en quoique ce soit de lisible sur ma Sony Reader.
Au passage, je dois dire qu'Amazon est la seule librairie qui rembourse un achat d'ebooks après paiement. Merci pour leur service d'après vente performant.
Le format Mobi est un vieux format qui peut être lu sur les liseuses, quand les livrels de ce format ne sont pas protégés par des DRM.
Le fait qu'une liseuse puisse lire des fichiers audio est absolument pas un critère pour moi. La plupart du temps, si j'ai envie d'écouter de la musique en lisant, je prends simplement mon baladeur, appareil spécialisé dans ce type de tâche et de taille aussi réduite que possible pour être tout à fait autant transportable et utilisable que la liseuse. Écouter de la musique via la liseuse est souvent très dépensier en énergie et n'apporte pas forcément l'avantage de son désavantage.
Autant utiliser les objets pour leur fonction première, quand on a la possibilité de multiplier les objets.
Un autre format qui peut être intéressant est le .cbz ou .cbr pour ceux qui ont envie de lire des mangas ou des BD sur leur liseuse. Pour moi, une BD entre dans la catégorie des livres à feuilleter, à relire, à prêter. Mais si cela est un critère pour vous, la Kobo de Virgin Bookeen est la seule liseuse qui supporte ces formats. En noir et blanc..
Les autres points offerts par les liseuses
- le wifi est intéressant parce qu'il permet d'aller faire un tour sur Wikipédia pendant la lecture et parce qu'il permet le transfert ordinateur / liseuse facilement.
- le tactile est à manier avec précaution parce que cela laisse parfois des traces de doigts sur l'écran et que pour lire ensuite, c'est pas trop top. La présence de boutons pour tourner les pages est indispensable à mon avis, parce que c'est un geste que l'on prend l'habitude de faire assez facilement.
- la mémoire ou le nombre de livrels supportés est une notion qui, à mon avis, ne vaut rien, à moins de vouloir installer 1000 ou 4000 livres gratuits (allez vous vraiment les lire ?) ou 1000 à 4000 livres payants (au bas mot, c'est une véritable fortune !). Il parait que le nombre moyen de livrels embarqués par les utilisateurs est la petite vingtaine. Moi j'en ai 12 très exactement. C'est à dire 12 à lire, puisque ceux que j'ai lu, soit je les ai jetés, soit je les ai donnés.
À ce sujet, il semble que le Nook Touch a un défaut majeur puisqu'il a surtout de la mémoire pour son propre fonctionnement, laissant seulement la place de 200 à 300 livrels. Mais si on a l'intention de n'avoir que peu de livres, c'est amplement suffisant sans doute.
- l'autonomie. Là c'est un critère de choix. Comme tout appareil électronique, c'est absolument détestable d'être privé de son objet pour l'unique raison que l'on n'a pu le recharger ou qu'on a oublié de le faire.Il faut faire attention à l'autonomie annoncée qui n'est juste que si on ne fait que lire très régulièrement. Juste lire, sans écouter de la musique, sans utiliser le wifi et sans la laisser de côté sans l'utiliser régulièrement.
Mais l'énorme piège d'une liseuse est l'accessoire. Une liseuse est vendue pratiquement toute nue, avec juste un câble USB.
- Pas de housse qui supporterait mes gestes irréfléchi et me permettrait de glisser sous mon oreiller ma liseuse juste avant de fermer les yeux.
Au passage, c'est décidé, je me promets de ranger ma liseuse un peu mieux la prochaine fois, dans la housse digne de ce nom que je vais m'empresser d'acquérir !
- Pas de chargeur sur prise électrique qui permet de recharger en lisant (ce que ne permet pas la recharge avec prise USB).
Alors si vous achetez les accessoires de la liseuse, vous voilà dans l'obligation financière d'y rester fidèle.
Autre accessoire, qui se situe entre le gadget et l'utile : la lampe de lecture. Le seul plus de cette lampe (et on trouve lampes de ce type pas trop chères qui s'adaptent aux liseuses), est que l'on peut lire en pleine nuit sans gêner son compagnon de lit ! Mais cet accessoire, je l'avais avant la liseuse pour mes livres...
Donc c'est ce que je vais faire : racheter une Sony parce que la Sony me va bien et parce que j'ai déjà les accessoires (presque 50 euros).
Mais pour vous donner une idée de la e-Babel, voici les principales liseuses avec leurs caractéristiques.
Je ne parle pas de l'Archos qui est un objet polyvalent et peut faire la mayonnaise et les vitres.. Heu .. il peut lire les livrels comme les vidéos. Mais, avantage par rapport aux tablettes, il a un écran 7", proche du 6" donc, c'est à dire du format d'un livre de poche.
Kindle | Kobo | Cybook | Sony | Samsung | Nook Touch | |
Propriétaire | Amazon | La Fnac | (Virgin) Bookeen | Sony | Samsung | Barnes et Noble |
Prix | 99 € | 130€ | 130 € | 150 € | 140 € | 75€ |
Formats supportés | kindle (.azw) txt, pdf, html, doc, jpeg, gif, png, bmp | epub, pdf, jpeg, gif, png, bmp, txt, html, .cbz, .cbr | epub, pdf, jpeg, gif, png, bmp, txt, html, ico, psd, mp3 | epub, pdf, doc, txt, rtf, bbeb, mp3, jpeg, gif, png, bmp | epub, pdf, txt, doc | epub, pdf, jpeg, gif, png, bpm |
Écran | 6" E-link | 6" E-link tactile | 6" E-link tactile | 6" E-link tactile | 6" | 6" E-link tactile |
Autonomie (sans wifi) | 1 mois | 1 mois | 3 semaines | 3 semaines | ? | 2 mois |
Mémoire | 1400 livrels | 1000 livrels extensible | 2000 livrels extensible | 1200 livrels extensible | 2000 livrels | 1000 livrels extensible |
Connectivité | Wifi, port micro USB | Wifi, port micro USB, lecteur de carte microSD, prise casque | Wifi, port micro USB, lecteur de carte microSD, prise casque | Wifi, port micro USB, lecteur de carte microSD, prise casque | Wifi, port micro USB, lecteur de carte microSD, prise casque | Wifi, port micro USB, lecteur de carte microSD, prise casque |
Poids | 170 g | 158 g | 195 g | 170 g | 250 g | 210 g |
Dictionnaire | oui | oui | anglais | anglais | français-anglais et anglais-français | anglais |
Avis trouvé | Test Kindle | le Kobo | Le Cybook | Sony Reader wifi | test liseuse | Le test |
Les + que les autres | Prix, facilité d'achat sur Amazonqui a une très bonne offre | Texture de la coque, Teinte proche du papie, léger | Ergonomie excellente, léger | Élégant, fin, rapide, précis | lisibilité et contraste, excellent logiciel de lecture | Très bon tactile, très bonne lisibilité |
Les - que les autres | Enfermement dans l'offre Amazon, pas de gestion de répertoires, pas de clavier, pas d'écran tactile, pas d'accéléromètre, pas d'extension possible | Activation uniquement avec l'ordinateur, bords étroits qui provoquent de faux mouvements | Peu réactif | Prix plus élevé | Commande au styler peu précise, pas d'accéléromètre | Enfermement dans l'offre Banes et Noble Tout est pour l'anglais |